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Un itinéraire spirituel : la montée vers l'autel

Pas de question de conscience à vous poser

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Cette lettre (ci-dessous) fut écrite par le Supérieur du grand séminaire de Rodez le 23 Mars 1962.

 

 

A cette date, Charles Condamines termine son service militaire dans la cavalerie à Colmar. Les négociations qui se concluront par un cessez le feu en Algérie, ont débuté à Evian et pendant la messe du dimanche, le jeune séminariste soldat a fait prier  pour qu’elles « aboutissent à un règlement équitable du conflit.. »

 

Le lieutenant-colonel commandant la place a protesté auprès de l’aumônier militaire : cette manière d’utiliser la religion pour faire de la politique était inacceptable. Accusé par l’aumônier d’être « un homme virulent. .» Charles Condamines s’est adressé au supérieur du grand séminaire pour lui demander son avis. Un avis qui, on peut le lire, n’est pas loin de donner raison au lieutenant-colonel et à son aumônier.

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Charles Condamines n’a pas été envoyé en Algérie, il a refusé tous les galons et terminé deuxième classe. Au fond de lui, il estimait que les séminaristes, si pas tous les chrétiens, devraient prendre à la lettre le « tu ne tueras pas » de l’évangile et donc refuser de porter les armes. Sur ce point, la réponse de son supérieur ne fera que confirmer ses inquiétudes et à Louvain il consacrera son mémoire de Licence en Sciences politiques à la loi du 15 Juillet 1889 rendant obligatoire le service militaire des clercs.

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« Quelques mois avant ma libération, histoire de clouer le bec à ceux qui nous accusaient de nous planquer à l’abri de notre refus de la guerre, je me suis porté volontaire pour aller, désarmé, faire la classe aux enfants de l’Ouarsenis ou de la Mitidja. Je n’avais aucune chance d’être exaucé : communiste anarchiste, l’inscription barrait le premier feuillet de mon livret militaire. En rouge. Je l’ai lue, en cachette, dans le bureau du capitaine, à l’occasion d’une corvée de nettoyage. J’en écopais plus souvent qu’à mon tour. Ces gens-là avaient une culture politique aussi limitée que la mienne. Je n’étais ni communiste, ni anarchiste et sûrement pas les deux à la fois. Mais j’aurais tellement voulu que mon église se trompât par excès d’idéal plutôt que par astuce ou lâcheté.

​Les guerres de religion me scandalisaient. Et les autres aussi : je ne comprenais pas comment un dieu d’amour avait régné sur l’Europe entière sans pouvoir empêcher ses enfants de s’entretuer. Ce continent chrétien avait été la matrice des deux conflits mondiaux les plus meurtriers de l’histoire humaine. Avec des aumôniers militaires dans les deux camps pour bénir les canons et convaincre des enfants de dieu d’étriper d’autres enfants de dieu. Des deux côtés de la tranchée, avant et après les corps à corps, la même hostie. Le même corps du Christ.

Pourtant je me soumis. Je ne fus pas objecteur de conscience. J’eus le sentiment que, dans mon dos, les généraux et les évêques avaient conclu un pacte de non-agression si pas une alliance et ma blessure ne se referma pas.  » In «J'étais prêtre... » p. 129. 

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